9 octobre 2024
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Carême de partage 2024

Extraction minière en R.D.C….en quoi sommes-nous concernés ?

 

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En R.D.C., les ressources minières sont immenses et variées. Outre l’or et les diamants, le sous-sol
est particulièrement riche en cuivre (10 % du total recensé sur la planète) et contient 70 % des
réserves mondiales de cobalt (utilisé pour les batteries électriques des voitures). La R.D.C. est à la
cinquième place des réserves de coltan (utilisé dans les condensateurs des smartphones, ordinateurs
portables et autres appareils électroniques), et à la huitième place pour la cassitérite de laquelle on
extrait l’étain (pour faire les boîtes de conserves et, en alliage avec d’autres métaux, les réacteurs,
les fils électriques…). Avec de telles richesses, le pays fait l’objet de convoitises multiples.

Le Sud-Kivu était jadis valorisé pour ses qualités agro-pastorales mais il se voit de plus en plus
affecté au secteur minier avec de lourdes conséquences environnementales et sociales. Au Sud-
Kivu, 8 familles sur 10 vivent dans le dénuement le plus total. De nombreuses communautés ont été
spoliées ou délocalisées au profit d’une réaffectation du sol à des fins minières d’intérêts étrangers.
Les retombées financières sont minimes pour les populations locales. L’extraction minière de type
industriel est mécanisé et n’utilise que peu de main-d’oeuvre locale. D’énormes territoires sont
ravagés et les dégâts environnementaux sont dramatiques. Dans les mines artisanales, plus petites, à
main-d’oeuvre locale, les conditions de travail sont pénibles, le matériel rudimentaire et les
éboulements souvent mortels . Les hommes délaissent les champs pour travailler dans les mines, ce
qui leur permet un revenu journalier, malheureusement soumis aux rapines des milices armées
omniprésentes. De plus, l’absence de routes praticables et l’éloignement prolongé aboutissent au
déchirement du tissu familial et communautaire, les femmes, restées aux champs pour nourrir la
famille, devant assurer seules la charge complète de leurs nombreux enfants sans savoir ni si, ni
quand l’homme de la famille reviendra.

Nous, ici en Belgique, que pouvons-nous y faire ?

L’U.E. est grosse consommatrice de métaux : elle ne produit que 3 % du volume mondial de métaux
tout en en consommant 20 % afin d’alimenter les transitions numérique et énergétique, les secteurs
de la défense et de la recherche spatiale. On prévoit une augmentation exponentielle des besoins en
métaux dans les prochaines années !

La Commission Européenne a présenté en mars 2023 une législation sur les matières premières
stratégiques et un plan d’action pour assurer l’approvisionnement dont les principaux axes sont :

Diversifier les sources d’approvisionnement

Assurer au sein de l’UE une plus grande part de la transformation/valorisation des matières
premières extraites hors UE

 Produire une partie des matières premières sur le territoire européen

Accorder une plus grande importance au recyclage

Le but affiché de l’U.E. est d’assurer à l’industrie européenne (y compris celle de l’armement) un
approvisionnement sûr et durable en matières premières. Mais l’U.E. ne fixe aucun objectif de
réduction de la consommation de métaux. Et, en faisant passer ses intérêts économiques et ceux des
grands groupes industriels avant des considérations éthiques, sociales et environnementales, le
risque est grand de s’orienter vers un « colonialisme 2.0 ».

C’est à nous d’interpeller les pouvoirs publics, à différents niveaux, pour exiger :

Une réflexion sur l’utilité et la dangerosité des produits qui requièrent ces minerais.
En moyenne, un Belge remplace son smartphone tous les 18 mois et 2,8 millions de
smartphones sont vendus, chaque année, en Belgique. Avons-nous vraiment de tels besoins ?
N’y a-t-il pas de danger pour notre environnement ?

Des politiques publiques de guidance vers une consommation responsable (lutte contre
l’obsolescence programmée, rallongement légal de la garantie, mise en place d’un indice de
réparabilité, limitation de la publicité…)

Des mesures pour faciliter le développement de l’économie circulaire et passer du schéma
« extraire-produire-consommer-jeter » au schéma « extraire-produire-consommer-recycler ».
Cela implique des investissements massifs pour « éco-concevoir » les produits en amont et
pour mettre en place des filières opérationnelles de recyclage car aujourd’hui il est plus
rentable d’aller chercher de nouveaux métaux dans les mines plutôt que de recycler.

De privilégier l’extension des transports publics plutôt que la production de voitures
électriques

Voulons-nous faire le choix d’une certaine « sobriété » pour diminuer la consommation des
minerais et ne pas enfermer la RDC dans le rôle de pourvoyeuse de matières premières ?

Nous ne pourrons pas lever la pression existante sur ces matières premières minérales tant que nous,
pays consommateurs, ne requestionnerons pas nos « besoins », nos usages, notre dépendance.
Ne serait-il pas impératif d’installer des relations saines entre un Congo producteur et les pays
consommateurs, bien loin du rapport déséquilibré de type « néo-colonial » tel qu’il apparaît
actuellement ?

La Belgique et l’U.E. devraient aussi soutenir d’autres secteurs de l’économie congolaise tels que
l’agriculture paysanne et respecter les engagements pris en matière d’aide au développement.
Ainsi, depuis 2010, la Belgique s’est engagée à consacrer, 15 % de son aide au développement à
l’agriculture et à la sécurité alimentaire. Un engagement qui n’a encore jamais été respecté jusqu’à
aujourd’hui…

Nous, pays industrialisés, ne pouvons pas rester les bras ballants à écouter le cri de la terre
congolaise alors qu’ensemble nous pourrions poser les fondations d’un avenir meilleur pour toutes
et tous.

Sensibiliser, être solidaire, agir et inviter à agir : c’est ce que vous propose Entraide &Fraternité et
la Commission Justice et Paix en ce Carême 2024.

La campagne de ce Carême soutiendra financièrement trois organisations partenaires d’Entraide et
Fraternité actives au Sud-Kivu :

1. L’APEF (Association pour la Promotion et l’Entreprenariat Féminin) qui appuie les femmes
à faibles revenus, notamment dans leurs projets économiques par des microcrédits

2. CHANGE (Coeur Humanitaire en Action Novatrice pour la Génération Effective), active
dans les secteurs de la santé, de l’agriculture, du secteur minier, du plaidoyer, du genre et
des droits humains (ex : formations en agroécologie, obtention de réparations/compensations
pour les victimes de l’exploitation minière, sensibilisation des populations aux conséquences
environnementales des exploitations minières…)

 

Tout don est un geste fraternel de partage …pour que la terre tourne plus juste !